L’apnée du sommeil

Source : Apnée du sommeil, symptômes, diagnostics et prise en charge.
https://www.doctissimo.fr/html/sante/encyclopedie/sa_782_apnees_sommeil.htm

Le syndrome d’apnée du sommeil toucherait entre 1 et 3 millions de personnes en France, mais près de 80% ne serait pas diagnostiquées. Il existe pourtant des traitements efficaces pour lutter contre ces apnées et leurs multiples conséquences sur la santé. Le point sur les traitements possibles avec l’équipe pluridisciplinaire de la clinique Bel-Air à Bordeaux.

Mieux comprendre l’apnée du sommeil

Les apnées du sommeil peuvent être de deux types :

  • Les apnées centrales trouvent leur origine dans une défaillance du système nerveux central. « Durant le sommeil, le corps oublie tout simplement de respirer ». Elles sont très rares et demandent une prise en charge neurologique.
  • Les apnées obstructives de loin les plus fréquentes, ont quant à elles une raison purement mécanique. On parle alors de Syndrome d’Apnées Obstructives du Sommeil (SAOS), caractérisé par des phases répétées d’apnées pendant la nuit durant au moins 10 secondes, liées à une obstruction totale ou partielle des voies aériennes.

Symptômes et  diagnostic

Le diagnostic de SAOS n’est pas évident à poser. Il faut déjà que la personne concernée consulte, soit pour un problème de ronflements, soit pour des symptômes associés à l’apnée du sommeil : somnolence, maux de tête matinaux, problèmes de concentration, troubles de la libido, irritabilité etc. Non traité, le SAOS peut provoquer des pathologies associées (arythmies cardiaques, hypertension artérielle, diabète, AVC, etc.). Dans ces cas, le SAOS peut être repéré par des spécialistes divers : ORL pneumologue, cardiologue, neurologue…

Le diagnostic repose sur l’interrogatoire du patient et divers examens médicaux : un examen du sommeil est demandé (réalisé à domicile ou dans un centre de sommeil), afin d’obtenir diverses mesures : profil respiratoire, rythme cardiaque,, taux d’oxygène, etc. Il est complété par une polysomnographie qui enregistre l’activité cérébrale, étudie la qualité du sommeil et détecte les anomalies respiratoires.

Sévérité et facteurs de risque

La sévérité du SAOS est ensuite évaluée par un indice d’apnées / hypopnées (IAH) :

  • On parle de SAOS léger pour un IAH compris entre 0 et 15/heure,
  • De SAOS modéré pour un IAH compris entre 15 et 30/heure,
  • De SAOS sévère pour un IAH supérieur à 30/heure.

L’apnée du sommeil peut toucher tout le monde. Même les enfants sont concernés tout comme les femmes ménopausées, les femmes enceintes, etc. Mais il existe tout de même des facteurs qui augmentent considérablement le risque de développer ce syndrome :

  • L’obésité (risque multiplié par 7)
  • L’âge : Le risque d’être confronté à une apnée obstructive augmente avec l’âge chez les adultes. On estime que 30,5% des personnes atteintes par le SAHOS ont plus de 65 ans, contre 7,9% âgés de 20 à 44 ans1. Les pourcentages sont en réalité sûrement plus importants puisque les estimations ne prennent pas en compte les patients qui ne présentent pas de signes distinctifs et donc ignorent être touchés.
  • Le sexe : les hommes sont 2 à 3 fois plus touchés que les femmes.

Les traitements des apnées obstructives du sommeil

La pression positive continue ou PCC

La grande majorité des apnées du sommeil sont liées à un relâchement des tissus mous des voies aériennes supérieures pendant le sommeil. Le traitement de référence est la ventilation par pression positive continue (PCC) : un débit d’air permet de décoller la langue quand celle-ci s’affaisse et aide à garder les voies aériennes ouvertes. Une station positionnée à proximité du lit produit le débit d’air. Un tuyau raccorde la machine au masque avec lequel le patient doit dormir. Il s’agit d’un traitement à vie, qui peut rebuter au début lors de la découverte du dispositif. Mais les bénéfices sont tellement importants et immédiats que les patients finissent par suivre plutôt bien ce traitement

Les équipements sont installés par des prestataires de santé. Ce sont eux qui se font rembourser directement par l’assurance maladie les patients n’ayant pas à avancer de frais. Le taux de remboursement auquel peuvent prétendre les prestataires est directement lié à l’observance du traitement, une manière de les impliquer activement dans l’éducation thérapeutique des patients.

Depuis quelques années, de nombreuses améliorations ont été apportées à ces dispositifs médicaux, notamment avec l’arrivée sur le marché de masques narinaires minimalistes et de stations très silencieuses au design de plus en plus épuré. La taille des stations s’est considérablement réduite, ce qui permet, pour certaines de pouvoir les transporter facilement et de poursuivre son traitement en vacances.  Pensez à vous renseigner sur les différents masques et machines proposés sur le marché afin d’en faire la demande auprès de votre prestataire.

La rééducation linguale

Une rééducation myofonctionnelle peut être proposée en complément de la PCC. Un mauvais placement de la langue par exemple ou un manque de tonicité peuvent jouer un rôle important dans l’apnée su sommeil. Une rééducation myofonctionnelle par des séances de kinésithérapie peut aider à réduire l’indice d’apnée du sommeil jusqu’à 50%. La rééducation assez longue : il faut compter plusieurs mois de rééducation pour créer du réflexe et du tonus au niveau de la langue et corriger les mauvais placements. Les gestes deviennent alors automatiques, mais il faut bien évidemment les entretenir à vie avec des exercices appris pendant les séances.

La kinésithérapie linguale peut aussi être prescrite pour des patients sous PCC qui dorment la bouche ouverte. Cette position de sommeil empêche le traitement d’être efficace et doit être corrigée.

Les traitements chirurgicaux

La chirurgie est rarement employée pour soigner les apnées du sommeil. Elle peut être envisagée pour corriger une cause mécanique de ces apnées : défaut morphologique de la mâchoire ou du palais, implantation basse de la langue qui favorise les obstructions, etc.

Dans des cas très particuliers de SAOS causés par un défaut morphologique de la mâchoire, la chirurgie peut permettre d’avancer légèrement la mandibule et aider ainsi à réduire les symptômes. Chez les enfants les chirurgies seront plus efficaces que chez l’adulte ou l’adolescent qui a terminé sa croissance.

La chirurgie de la base de la langue est aussi un traitement possible mais « ancien et peu pratiqué ». Elle consiste à enlever une toute petite partie de la langue, à l’endroit où l’obstruction se produit la nuit. L’opération est aujourd’hui mini-invasive car réalisée par des robots. Mais il s’agit vraiment d’une niche thérapeutique

La chirurgie du palais ou UVPP pour Uvulo-Palato-Plastie n’est vraiment plus pratiquée. Elles posaient un problème car le palais joue aussi un rôle important dans la déglutition et elles pouvaient donc provoquer des troubles. De plus, ces chirurgies restent généralement assez douloureuses et n’ont que peu d’effet sur la réduction de l’indice d’apnée / hypopnée.

Les autres traitements mécaniques

D’autres thérapies existent mais ne sont plus utilisées. C’est la cas d’un pacemaker de la langue qui fonctionne sur le même principe qu’un pacemaker contre les troubles du rythme cardiaque, Le pacemaker est connecté à 2 fils : un qui passe sous le diaphragme et qui mesure l’apnée, un qui passe derrière la langue pour la libérer quand l’apnée survient. IL existe beaucoup de contre-indications. Les personnes obèses par exemple ne peuvent pas en bénéficier. Cette chirurgie, très lourde, n’est pas prise en charge la par la sécurité sociale. Certains patients peuvent se voir prescrire des orthèses. Il s’agit de gouttières à placer dans la bouche et qui décollent la langue pendant le sommeil. Mais là encore si le patient dort la bouche ouverte ; l’orthèse ne sera pas efficace. Dans ces cas encore, il faut compléter le traitement par des séances de kinésithérapie.

Les traitements des causes de l’obstruction

Il peut arriver une les apnées soient provoquées par des obstructions nasales (allergies respiratoires, polypes, cloison nasale déviée par exemple). Le traitement sera alors celui de la cause de l’obstruction et permet généralement de dégager efficacement les voies respiratoires. Enfin  les mesures hygieno-diététiques sont importantes pour aider à réduire les apnées du sommeil : perdre du poids pour les personnes en surpoids, réduire la consommation d’alcool le soir, dormir de préférence sur le coté.